Oh! Puy Mary, si tu savais...

  • Fab et Aloun

michelinComment ai-je pu rater ce col? Je passe des heures à préparer ma feuille de route, indiquant les km entre les bourgs à traverser, les km cumulés, les numéros de routes, les altitudes, les curiosités, tout ça est devant mes yeux en roulant et voilà. Au lieu de prendre à droite on prend à gauche, en regardant le paysage…Mais ce n'est pas bien grave,ce petit Col de la Croix de Cheules, je le ferai sans doute en revenant vers Aurillac avec Fab, car il y en a encore à visiter au pied de ce Puy Mary…

Il est 7h 30 lorsque je glisse de la place de Salers vers la vallée de la Maronne. Il fait très frais dans cette cuvette où coule l'Aspre, et bien vite j'ai du mal à tenir le guidon tellement j'ai les doigts engourdis par le froid. Je n'aspire qu'à une chose: les premières pentes de cette rando, pour pouvoir me réchauffer un peu. Je découvre donc cette petite vallée enclavée etP1020629 je me demande comment ces courageux habitants se débrouillent en hiver pour subvenir à leur quotidien. Cette région est la moins peuplée de l'Auvergne et on comprend pourquoi. La petite musique de la rivière m'accompagne durant les 9km qui me mènent au pied du premier col, le Col de St Georges, et je m'élève à petite vitesse sur une mauvaise route qui vient d'être juste gravillonnée. L'absence de circulation me permet de rouler au milieu de la route, c'est déjà ça. Je suis en forêt et je ne me réchauffe pas bien vite. Ce n'est qu'en arrivant à la pancarte du col, en même temps que les premiers rayons de soleil qui franchissent les crêtes du massif, que je me sens mieux. Je dois normalement continuer à P1020630grimper, je tente donc d'enlever le KW. Une petite descente me refroidit aussitôt et c'est à fortes pédalées que je commence à grimper le col de Legal ( non non, pas de blague..!)qui s'annonce…La route, un peu meilleure, me permet d'assurer un bon rythme régulier, accompagné du son des cloches de vaches invisibles, qui, se mêlant au son quasi ininterrompu des ruisseaux environnants, me conduit au sommet à 1231m. Ce ruissellement continu me rappelle une rando sur le Cézallier durant laquelle ce son était omniprésent, sauf que je cherchais les ruisseaux sans jamais les voir!L'atmosphère s'est bien réchauffée, les jambes également. Petite photo envoyée à Fabienne, qu'elle ne recevra pas et je continue mon petit bonhomme de chemin. Je commence à croiser quelques cyclos , le décor est surprenant et toujours majestueux. Si les écolos sont en manque de vert, ici y'a de quoi faire. Un peu plus bas je rejoins le Col de Bruel (non pas de blague!) et cherche désespérément le col de la Croix de Cheules qui se situe sur la D35 alors que je suis sur la D46! Je suis dans la vallée de Mandailles maintenant, toujours accompagné du bruit de l'eau et bien vite j'arrive au pied du Col du pas de Peyrol, que je n'ai pas encore franchi de ce côté, le plus facile dit-on. Quand y'a pas de vent. J'ai laissé un coup d'œil rageur et rancunier à la pancarte indiquant le col de Pertus sur ma droite, me rappelant l'état dans lequel il m'avait mis il y a deux ans. Il ne perd rien pour attendre, et je ne sais pas ce qui me retient de lui faire une petite visite vengeresse. La sagesse sans doute. Car cette douceP1020637 brise qui souffle depuis que je suis dans cette vallée ne me dit rien qui vaille. J'avale mon troisième petit pain, regarde quelques cyclos passer et je me mets en route. Durant plusieurs kilomètres je suis en sous-bois, donc protégé du vent, et c'est vrai que la pente, tout en étant importante, n'est pas violente mais régulière, permettant parfois de se relaxer. Seulement, dès que la végétation disparaît, je crains un peu pour la suite. Je me suis découvert et les coups de vent violents par moment me refroidissent vite. Le franc soleil par contre me baigne d'une agréable sensation de chaleur réconfortante. Quelques photos de la vallée, de la route restante et des vaches se restaurant sur une pente, défiant les lois de l'équilibre et me revoilà reparti pour les derniers kilomètres d'ascension. Un cyclo me croise et me crie:"Faites attention au vent!" Tiens donc! Pour leP1020640 moment ça va, mais quelques hectomètres plus loin le compteur s'affole! Sans effort je gagne soudain 5 à 6km/h. Quelle émotion de se croire devenu soudain un champion du Tour de France. Mais au virage les choses se gâtent, reprennent leur place et,  situation qui m'arrive pour la première fois : LE VENT ME MET A L'ARRET! Véridique! J'ai d'ailleurs failli tomber si je n'avais pas eu le réflexe rapide de décaler! Vin diou! J'essaie donc de remettre mon maillot avec toutes les peines du monde, et me remets en route péniblement, tantôt protégé, tantôt exposé, mais dans l'ensemble c'est moins terrible que je le pensais. A un kilomètre du sommet je prends en photo cette magnifique vallée du Falgoux dans laquelle j'ai décidé de replonger pour grimper au col d'Aulac. En contrebas j'aperçois P1020644la route par laquelle nous avons grimpé avec Fab il y a deux semaines et je comprends, vu sous cet angle, les raisons de sa défaillance! Je ne traîne pas au sommet, avalant sandwich, coca et café dans un air glacial et plonge vers la vallée. De 1588m j'arrive à Falgoux à 920m environ. Hum, j'espère que j'ai pas présumé de mes forces, et il est encore temps de remonter au Col de Neronne à 1240m et rentrer comme prévu directement. Mais je sais que je ne reviendrai pas de sitôt dans le coin et je décide de grimper au col d'Aulac…Facile au début mais inquiétant sur la fin. Là-haut je prends un peu de temps pour faire le point. Je suis remonté à 1230m et le panorama est époustouflant. A mes pieds la vallée du Mars, large et baignée de soleil dévoile tous ses petits villages. Tout au fond sur ma gauche l'endroit d'où je viens, le Puy Mary un peu caché par une brume de chaleur. Sur ma droite un horizon dégagé à perte de vue vers Mauriac. Me faisant face l'autre versant de la vallée sur lequel il me faudra regrimper pour rejoindre Salers, après être redescendu sur Falgoux. Et derrière moi les dernières collines du plateau du Cézallier. Allez pas trop de sentimentalisme et direction de l'autre côté. Il suffirait pourtant de tendre un bon câble et d'y mettre petit siège comme je l'ai vu faire dans de lointaines contrées à la télévision…Faudrait alors ne pas avoir le vertige! Un peu plus tard je suis au pied du col qui va me mener à Salers et je dois admettre que je suis bien "entamé"! Et c'est à 5km/h, peinard, accompagnant quelques instants un randonneur bien décidé à user du bâton, que j'ascensionne sur cette dernière difficulté dans la forêt rafraîchissante. Les jambes sont raides,la soif commence à se faire sentir, ce sont les prémices du "raz le bol" physique. La pente est raide car très courte( 4km quand même) pour aller là-haut. J'arriverai pourtant au bout, et après avoir recoiffé ce casque qui m'a fait tant suer et le maudire lors de toutes ces montées, je file à bon régime, grand plateau petit pignon, sur la douce et longue descente vers mon point de départ de ce matin, 6h15mn plus tard… Salut et merci Puy Mary, je reviendrai sans doute réparer les quelques manquements si utiles à notre formation de cycloteur. Trois routes pour venir jusqu'à ton sommet, au bout desquelles tu nous offres le spectacle de tes 7 vallées et des crêtes pour mieux te chatouiller. De temps en temps, il m'arrive, comme ça, de parler à la nature.   

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