Jurassik liste

En 2004, lorsque je décidai de passer mes brevets montagnards, et ceci à la fréquence de un par année, donc en espérant les terminer en 2009 après avoir pédaler dans les cinq massifs montagneux français, je ne me doutais pas que ce n'est qu'en 2022 que j'en viendrais à bout. J'aurais pu laisser tomber, après tout ce type d 'exercice n'a aucune valeur intrinsèque, si ce n'est celle d'avoir son carnet tamponné par la Fédération de cyclotourisme et éventuellement recevoir une médaille que tu dois payer! Bon. Je me suis donc accroché à ce projet, en parcourant les Monts du Forez en 2004, les Pyrénées en 2005 et puis le projet des Alpes en 2006 fût remis à plus tard à cause d'un bras cassé un mois avant la date de participation. Plus tard arriva en 2018, une fois en retraite et tous les aléas d'un changement de vie amorcé en 2006 digérés. Il y a des priorités dans la vie et il suffit de ne pas l'oublier.

En 2018 donc je m'inscris au brevet des Alpes, reprenant le projet là où je l'avais laissé. L'année suivante, 2019, je parcourrai les Vosges avec en vue l'échéance prochaine, 2020, et les côtes du Jura. Oui mais....le Covid s'invite à la fête et durant deux années je devrai ronger mon frein. Je changerai d'ailleurs les patins avant de partir pour le Jura en 2022, on y est, après un entraînement studieux et rigoureux, l'âge de mes artères ayant pris quelques années en passant.

Je pense avoir fait les comptes-rendus sur ce blog des 4 participations précédentes , je vais donc m'atteler à décrire ce séjour dans les montagnes du Haut Jura, oh combien surprenantes!

Le Jeudi 2 juin, je fais une première visite sur les routes autour de mon lieux de villégiature, sans toutefois me mettre dans le rouge et mal négocier le premier jour de l'épreuve le samedi suivant. Cette petite visite me vaudra quand même une petite chute sans gravité, encore presque à l'arrêt, comme lorsque je me suis cassé le bras en 2006, saccageant ainsi mes rêves alpins. Pas de mal donc et une bonne sortie de mise en condition.

Le premier jour de rando de ce brevet commence sous les meilleurs hospices, un beau soleil et une bonne organisation, départ de Lons le Saunier. C'est dans cette ville que nous devions venir à la semaine fédérale avec mon beau père en 1995. Malheureusement son décès tragique quelques mois avant annula cette participation. Ce lieu est donc pour moi symbolique. Nous grimpons doucement vers les premières hauteurs, visitons quelques charmants villages dont Beaume les Messieurs et bien vite les premières vraies difficultés arrivent et ma foi je suis content de ma gamme de développements montée sur ma bécane! Le 26X34 a servi plus d'une fois. Je découvre aussi ce qui différencie le jura des autres massifs, je veux parler des plateaux d'altitude. De longues routes tout en faux plats montant ou descendants mais qui ne laissent jamais de répits surtout quand le vent s'en mêle.

A une intersection je ferai la douloureuse expérience de l'erreur de parcours , pas tout seul, et c'est mon instinct uniquement au bout de 4km, qui me fit sortir ma bonne vieille carte michelin pour m'apercevoir que je tournais le dos à la direction souhaitée et que je rentrais direct à Lons. D'autres s'y sont laissé prendre et on finit la journée anéantis. Les torts sont partagés, le fléchage n'était pas explicite, mais le cyclo doit être vigilant. Le reste de la journée c'est une chaleur étouffante (30° à 1000m), annonciatrice des orages à venir, qui nous accompagnera jusqu'à l'étape de neutralisation, à Prénovel, dans un environnement sublime. C'est là que moi je loge et donc je quitte les cyclos qui eux se rendent aux dortoirs. J'ai un gros coup de chaleur et je prie pour que demain tout se passe pour le mieux. Les orages, je ne suis pas trop pour.

Deuxième jour: pas beaucoup dormi, les orages ont grondé toute la nuit, le petit dèj est pris sans appétit et à 7h je démarre, sachant que les cyclos des dortoirs ne partiront que vers 8h. La météo est maussade mais il ne fait pas froid, au premier col je reçois quelques gouttes , j'enfile le blouson de pluie et la descente d'une petite dizaine de bornes se fait sous une pluie torrentielle. Elle tombera durant deux heures environ, puis le beau temps reviendra sur les hauteurs. Une météo qui me convient parfaitement. Je me sèche complètement dans une montée dont les pourcentages me font penser à l'Alpe d'Huez(je sais de quoi je parle!). Puis de nouveau, des plateaux d'altitude. Il est vers 11h lorsque  j'arrive au ravitaillement et tout le comité qui attendait le client m'applaudit car je suis le premier.....avec un départ une heure avant, d'ailleurs, derrière ça arrive déjà. Le repas pris on redémarre le long d'une nationale, pas très en sécurité, mais ça fait partie aussi des situations dans lesquelles un cyclotouriste doit savoir naviguer. A ce propos lors de ce brevet toutes les situations de roulage ont été visitées, même les chemins forestiers. Ce qui n'a pas dû plaire aux "guêpes" entendez par là, les "têtes dans le guidon qui laissent les tubes de sucreries dans les fossés". Bon ça c'est mon coup de gueule. Ce circuit du deuxième jour est sublime, les points touristiques s'enchaînent et pour le dernier pointage on nous fait grimper un raidillon de 17 à 20% pour aller pointer. Là-haut le panorama sur la plaine de la Bresse est sublime, mais l'orage gronde au loin. Il tournera autour de nous sans éclater et , après une dernière montée assez longue , on plongera sur Lons le Saunier , descente dans laquelle je laisserai mon compteur s'emballer. Une dernière averse pour rentrer 5km avant l'arrivée et voilà...Le cycloteur a bouclé ses 18 ans d'attente....une bonne bière....et voilà.

J'ai emprunté quelques photos du club de Lons pour enjoliver ce blog, merci à eux. Ils nous ont fait un travail magnifique. 235km et 4000mde d+....